Si le genre est avant tout "fiction" se basant sur des éléments scientifiques, la SF en télé et au cinéma est surtout faite pour divertir, faire voyager dans des mondes qui n’existent pas ou ont existé il y a bien longtemps (Star Wars)… Son but n’est en tout cas pas celui de dénoncer ou de critiquer une société. Mais cela serait trop simple et le génie est peut-être d’utiliser un genre décalé pour faire passer des messages.
C’est ce qu’à fait Joseph Michael Straczynski de 1993 à 1999 en produisant, écrivant les épisodes de Babylon 5. C’est une série qu’il faut voir et revoir pour en réaliser les effets proleptiques : c’est le fait d’évoquer par touches presque invisibles des éléments ou situations que l’on retrouve par la suite.
Construite sur un schéma conducteur en 5 actes, l’histoire se déroule dans une base spatiale, terrain neutre où évoluent différentes races, à la suite d’une guerre opposant les Terriens et Minbaris. 5ème car les précédentes ont toutes connues un destin tragique (attentat, explosion, disparition), mettant à chaque fois à mal la volonté d’unir et de pacifier les races. Une “O.N.U” du futur en somme qui rencontre les difficultés d’entente, de guerre de mondes proches, et doit faire fis des différences pour unir tout le monde.
Si le show reste encore une référence pour les effets spéciaux et notamment sur les images de synthèse, aujourd’hui avec du recul, les visionneurs y voient aussi une dénonciation d’un système politique mis en place bien après, aux Etats-Unis!
La série évoque un Président Clark (saison 2) qui impose une loi martiale, jouant la carte de la terreur et d’une potentielle menace (guerre et complot menés par une race extérieure) pour assoir son pouvoir. Il n’est pas là question de dire que le terrorisme n’existe pas, mais il est curieux de voir comment la réaction de l’administration Bush est proche de celle contée dans une fiction…
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l’annonce de la loi martiale imposée sur Terre, sous prétexte de terrorisme par Clark
Pouvoir qui est aidé par des milices du "Nightwatch" qui font écho aux "Homeland defense" apparemment existant.Autre référence : le McCarthisme et la chasse aux sorcières.. Ici on ne parle pas de communistes mais des Télépathes qui sont "différents" du reste de la communauté… De nombreux sites et blogs aujourd’hui montrent ces parallèles étonnant, comme quoi cette série cachait bien son jeu: on est loin, très loin du kitshissime Star-Trek !!
Au-delà d’un discours politique, elle a été l’occasion d’aborder les thèmes de la tolérance, de la guerre, de l’amour et de mélanges "ethniques" mais aussi des problèmes d’addiction (drogue, alcool). Autant de thèmes sociaux, abordés dans ce "Space Opera"… Tout cela en fait plus qu’une grande série de SF, une GRANDE série tout court!!
Anecdote : dans la mesure où l’intrigue principale court tout au long des 5 saisons, le Guinness Book en a fait la "mini-série" la plus longue de l’histoire! Le dernier épisode est une des fins les plus tristes de la télé, avec un personnage principal, Sheridan, qui arrive à la fin de son "voyage"…