Attache ta tuque avec d’la broche
Chérie, l’hiver va être tough c’t’année
C’est fini le temps des brioches
On mange d’la misère pour souper
Faut qu’j’fasse poser mes pneus d’hiver
Sur mon bazou couvert de rouille
A’ec le gaz qui est toujours plus cher
Ils savent qu’y nous tiennent par les couilles
J’joue dans l’trafic à toué matins
Avec des millions d’êtres humains
Qui s’battent pour un pouce d’autoroute
Sans trop se d’mander c’qui est au boute
Tout seuls au fond de leur voiture
Chantonnant des ballades FM
Sachant comme moé qu’la vie c’est dur
Mais qu’y faut continuer la game
Pont Mercier un accident d’truck
Et ça roule pare-chocs à pare-chocs
Code rouge su’l Métropolitain
Jammé ben raide au quotidien
Un gars qui s’fait barrer l’chemin
Klaxonne en brandissant son poing
Comme un lion au fond d’une cage
Pogné dans les embouteillages
Allez honnêtes citoyens!
Qui rêvez d’plages et de club Med
Au milieu d’l’hiver canadien
Votre boulot est le seul remède
Mais soyez quand même aux aguets
Car le burn-out vous court après
Tu travailles trop mon p’tit chummy
Tu vois même pus ta vie passer
La terre entière carbure au fric
Ça l’air qu’on est pas dans’ gammic
Parce qu’ dans l’monde des gens importants
Y’a pas grand place pour les perdants
Y’s’contente de nous balancer
À toué heures du jour ou d’la nuite
Toute leu’ conneries d’publicité
Pis c’qu’y ont à nous vendre comme bullshit
Dans l’stationnement des centres d’achats
C’est encore le branle-bas d’combat
Des chars à un mille à la ronde
Pis des magasins noir de monde
Le père Noël vient d’débarquer
On est même pas à’ mi-novembre
Le p’tit Jésus doit êt’e déprimé
Les vendeurs sont r’venus dans l’temple
Payez plus tard, achetez maintenant
Interac ou argent comptant
Visa, American Express
J’endosse même les chèques de B.S.
Je suis le marchand d’cochonneries
Le vendeur de rêves à bas prix
L’American Dream en personne
C’est pas cher pour avoir du fun
Allez entrez dans’ farandole
Louez pour acheter une belle bagnole
Pas d’intérêt pendant un an
Pis ton cul su’ des sièges chauffants
Vos vies plates seront transformées
Par mes illusions emballées
pis si jamais t’es pas content
Icitte y’a pas d’remboursements
J’loue ma vie à un employeur
À coup d’journées pis d’gouttes de sueur
Quand j’pense qu’on fait toute la putain
Pour pouvoir s’payer des cossins
Et s’rendre compte qu’un p’tit rien tout neu’
Ça rend pas le coeur plus joyeux
Parce que le bonheur de toute façon
S’achète pas d’une boîte de carton
Sauf que d’vant mon verre de bière vide
Ma gorge est une terre aride
Ça m’prendrait don’ un p’tit r’montant
Pour faire passer mon mauvais temps
Mais j’ai pas une cenne dans les poches
C’tout l’temps d’même quand l’hiver approche